[J'ai initialement écrit cette chronique pour Le HibOO, le webzine sur la musique de Rod que vous connaissez sûrement déjà pour ses photos de concerts.]
Oublions un instant la demi-mesure : Rage Against the Machine a pulvérisé Bercy le 4 juin 2008. Commençons par un petit retour en arrière... Je me retrouve un peu par hasard dans un magasin Virgin. J'entends deux vendeurs parler d'un concert de Rage Against the Machine à Paris. Je sursaute : c'est LE concert que je n'ai jamais réussi à voir dans les années 90 ! Renseignements pris, je me connecte sur Fnac.com le jour J juste avant l'heure H... Je prends cinq places, histoire d'inviter quelques amis. Et une poignée de minutes après, les réservations ne sont plus possibles.
Après la première partie assez conceptuelle de Saul Williams, une énorme étoile rouge s'élève à l'arrière de la scène. Il est 21 h 45 et l'Internationale résonne pendant que nos quatre amis débarquent enfin. Testify (3e album) marque le début du concert. La fosse se met à bouillir, elle déborde largement, et les gradins sont massivement utilisés comme trampoline. Alors que Tom Morello est déjà à 200 % à la guitare, Zack de La Rocha fait progressivement monter la pression au micro sur les premiers morceaux avec par exemple Bulls on Parade (2e album).
Et là... Bombtrack... Know Your Enemy... Bullet in Your Head... Ces trois titres du premier album s'enchaînent, plus de quinze ans après la sortie du disque, et la température n'est plus mesurable. Maintenant, Zack de La Rocha est intenable. Il s'accorde avec la folie scénique de Tom Morello et laisse parfois la parole au public, qui lui montre que 1992, c'était hier. Le style n'a pas pris une ride et bien que l'on puisse s'interroger sur les motivations de cette tournée, la colère et l'efficacité musicale sont bien au rendez-vous. Tim Commerford est d'ailleurs bien présent à la basse, avec un son très brut. Par contre, Brad Wilk n'a pas l'air tout le temps à l'aise derrière sa batterie.
Une chose est sûre : Tom Morello est un guitariste absolument hallucinant. Il y a évidemment son sens du riff, son originalité, sa maîtrise des effets, etc. Et sur scène, on découvre son incroyable jeu de jambes : quelle énergie ! On apprécie, surtout en tant que guitariste, son touché impeccable. On peut aussi rigoler en le voyant jouer sans la main droite et en profiter pour boire un coup pendant que les trois autres sont très concentrés sur la musique. Et puis, il y a les petites nouveautés. Parfois des effets plus présents et un solo un peu plus fouillé comme sur Freedom. Parfois un enrichissement rythmique accompagné d'un pas de danse comme sur Killing in the Name. Deux autres morceaux du premier album sur lesquels je vais devoir en dire un peu plus...
Le choix des titres de ce concert va à l'essentiel : une grosse louche du premier album et quelques pincées des trois suivants. Issu du dernier album, Renegades of Funk n'a par exemple pas démérité face aux mastodontes du premier. Ce mélange tient pendant une heure et c'est la pause. On imagine alors une scène de réhydratation d'urgence dans les loges tant la sueur a coulé.
Le groupe revient avec Freedom... Et puis c'est l'apothéose : Killing in the Name. L'ambiance est monumentale. Plus que jamais, le public hurle et lève les bras. Les dernières notes sont jouées alors que toute la salle est éclairée. Chacun peut ainsi constater que la puissance colossale de Rage Against the Machine a retourné tout Bercy.
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