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vendredi 11 mars 2011

Travis Bürki interviewé par Travis Bürki

[Comme le titre l'indique, voici une interview de Travis Bürki par lui-même, suite à la sortie de son nouvel album. Travis joue, chante, crée avec l'inattendu, en voici une illustration prenante. La photo date du tournage d'une session acoustique que je vous proposerai bientôt.]


Je suis à Nantes depuis ce matin. Les nouvelles du monde sont passionnantes. À peine descendu du train, je suis allé prendre un petit déjeuner dans un hôtel du centre-ville. Dans la matinée, assis dans les salons de l’hôtel, j’ai décidé de m’auto interviewer. Self-Entretien :

Tu n’en a pas marre de voyager depuis dix ans dans des villes où personne ne te connait à part dix ou douze pelés qui viennent écouter tes chansons bizarres ?

Si. En même temps, je ne vois pas trop quoi faire d’autre.

Tu veux dire que c’est faute de mieux ?

Disons que je ne me laisse peut-être pas le choix.

Bon, et si tu pouvais faire autre chose, ce serait quoi ?

J’ouvrirais une agence de voyage. Ou une banque. Non, en fait je crois que je ne suis pas fait pour faire des trucs. En tout cas je ne ressens plus l’urgence de faire.

Okay. Parlons un peu de ton album. Déçu ?

Pourquoi déçu ? Non, j’aime beaucoup certaines chansons de ce disque : Apophtegme, qui est d’ailleurs une ancienne chanson finie récemment, j’aime beaucoup Ta meilleure amie, Grandis

Okay mais bon, l’accueil n’est quand même pas terrible…

Non, c’est vrai que les médias ne sont pas très enthousiastes. Les radios ont sans doute mieux à programmer. C’est dommage d’ailleurs, je me ferais bien un max de pognon avec un tube qui passe en boucle sur une radio FM.

Quel tube ?

Ta meilleure amie, je la verrais bien tourner sur NRJ ou Oui FM.

En tout cas, ça ne se bouscule pas au portillon pour te jouer sur les ondes. Faut dire que tu n’es pas quelqu’un de très lisible. Tu es au courant ?

Oui, je sais que ce ne doit pas être très simple de m’identifier. Moi-même je ne me situe pas toujours clairement. Enfin, ce n’est pas une raison.

Tu ne te serais pas un peu grillé dans le milieu ?

Ce n’est pas impossible. Mon arrogance est nourrie de ma timidité et je passe pour quelqu’un de souvent désagréable auprès des médias. Ils me rendent la monnaie de ma pièce.

Et la tournée ? Tu joues toujours autant. Beaucoup de dates, mais presque aucune vraie salle. Tu es sorti du système ?

C’est vrai, je suis à la lisière. Pas assez connu pour les Big Venues et pas assez nouveau pour être à nouveau défendu par les réseaux de découvreurs. Il faut qu’il se passe un truc si je ne veux pas terminer à vie dans les cabarets pour poètes désenchantés.

Un truc ? Tu penses à quoi ?

Mon attaché de presse me presse de me présenter à des élections. Mon entourage me suggère parfois d’écrire en anglais. Je ne sais pas. Une chose est sûre, si ce disque tourne mal, je vais déposer le bilan de mon label.

Tu dis ça comme si tu t’en foutais.

Non, je suis en tournée, je fais de la promo, je vais sur le terrain comme on dit. Si je bosse tous les jours mon répertoire, si je fais toute cette putain de paperasse même après que mes comptables m’aient lâché, c’est parce que je veux réussir cette sortie d’album.

On sent le courroux du gérant qui fait face à la crise…

C’est tout à fait ça. Je suis chanteur et autoproducteur. Mais bon, la partie administrative passe au second plan, c’est vrai. Chanter, c’est un vrai truc. Sur scène, il y a une mission que je me sens capable de relever.

Revenons à cette promotion d’album. Qu’est-ce que tu prépares comme gros coup ? T’as des idées ?

Pas vraiment. Je ne peux pas initier grand-chose en terme de médias. Je peux être un artiste au travail, donner des concerts, jouer la nano saga, continuer d’écrire et de rencontrer des gens, mais je n’ai pas de plan d’attaque.

Tu vas attendre que cela vienne ?

Exactement. J’ai fait une bonne partie du boulot en fournissant un album. Il y a des titres qui n’ont l’air de rien, mais qui traitent des sujets de société comme ils sont rarement traités en chanson, voire jamais.

C’est ton côté arrogant qui se réveille.

C’est vrai. Putain. Je vais la fermer cela vaut mieux pour tout le monde.

Non mec. On aime quand tu déclames. On aime tes anecdotes et… entre nous, dans le milieu ils sont quand même tous très arrogants…

No comment.

Bon, Travis, au fait Travis c’est ton vrai prénom ?

Quelle importance. Pourquoi tu finis toujours par vouloir percer un mystère alors que tout est là, sous tes yeux ? Pourquoi la presse, les radios, vous voulez toujours décortiquer l’inanité alors que vous ne savez même pas prendre le temps d’être ?

Tu es bouddhiste ou quoi ?

Bon tu me fais chier avec tes questions. Tu es pire que les vrais journalistes.

Les vrais journalistes ? Depuis quand il en existe de vrais ?

Travis Bürki (Nantes, 11/03/2011)

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